La démarche qualité des EI et ETTI évolue vers la RSE

En Bourgogne-Franche-Comté, plus d’un tiers des entreprises d’insertion et entreprises de travail temporaire d’insertion adhérentes à la fédération sont certifiées par l’AFNOR sur la démarche qualité AFAQ EI/ETTI. Le 22 novembre, le nouveau référentiel de la démarche qualité a été présenté aux adhérents par Muriel Pibouleau, chargée de professionnalisation au siège de la fédération.
La démarche qualité des entreprises d’insertion a évolué au fil du temps pour faire reconnaître la qualité des pratiques sociales des entreprises. De Quali’rei, label délivré entre pairs créé en 2000, à la mise en place de l’AFAQ AI/ETTI, certification co-écrite et délivrée par l’AFNOR via un audit externe, 10 ans plus tard, le référentiel connaît une nouvelle évolution avec l’intégration de critères liés à la RSE (Responsabilité Sociétales des Entreprises).
Dans un contexte où la prise de conscience de l’impact de l’activité humaine sur les ressources disponibles fait repenser nos comportements et notre modèle de développement, les enjeux de développement durable se renforcent en entreprise à travers la Responsabilité Sociétale des Entreprises.
Fondé sur l’amélioration du système de management de l’entreprise, le cœur du référentiel reste la gestion du parcours d’insertion en définissant ses grands critères et étapes :
- le recrutement ;
- l’intégration ;
- l’encadrement et l’accompagnement en situation de travail ;
- l’accompagnement socio-professionnel ;
- la sortie vers l’emploi.
Cette démarche contribue à rendre l’organisation interne plus performante et à structurer les activités pour améliorer le processus d’insertion. Après 7 années d’existence, la certification a démontré des impacts positifs pour les entreprises que ce soit en interne ou en externe auprès de ses partenaires économiques et institutionnels.
Que changent les critères RSE ?
La RSE se révèle très complémentaire de la démarche qualité en tendant vers un objectif commun : la pérennité et la durabilité de l’entreprise. La RSE s’appuie sur l’organisation interne de l’entreprise pour prendre en compte son ancrage territorial, son impact sur l’extérieur. Elle fait participer dans son projet, les parties prenantes internes et externes. L’aspect sociétal généralement déjà très prononcé dans les entreprises d’insertion, il s’agit de valoriser les pratiques existantes et de développer des actions dans une logique de développement durable.
A titre d’exemple, l’ancien référentiel mobilise l’engagement de la direction et encourage à développer les relations avec les partenaires et prescripteurs extérieurs. Le nouveau référentiel introduit la notion de partie-prenantes à la vie de l’entreprise et favorise le dialogue avec tous les acteurs qui ont un intérêt dans les activités de l’entreprise : les salariés, les fournisseurs, les actionnaires, les clients, les pouvoirs publics, etc.
Les entreprises présentes l’ont confirmé, elles se reconnaissent déjà dans ce nouveau référentiel orienté vers la RSE qui s’inscrit dans leurs pratiques d’une manière générale.
Valérie Masson-Perrin, directrice de BTS Blanchisserie, certifiée AFAQ EI/ETTI, est entrée dans la démarche ISO 26000, la norme internationale sur la RSE. Elle nous explique comment son équipe s’est emparée des enjeux RSE :
« L’aspect « citoyen » de la RSE a un réel pouvoir fédérateur : tout le monde peut se sentir concerné. Néanmoins, cela va au-delà de notre cœur de métier et nécessite de s’interroger sur des sujets nouveaux. Nous avons commencé par une évaluation pour déterminer les champs sur lesquels nous devions prioritairement travailler. Cette analyse a montré que nos pratiques étaient excellentes concernant les conditions de travail et les droits des hommes et qu’il fallait approfondir d’autres axes comme la loyauté des pratiques. En revanche, on s’est également rendu compte qu’on ne formalisait pas assez. Beaucoup de choses étaient de l’ordre de l’évidence, du bon sens mais quand on creuse certains sujets, cela interroge réellement nos pratiques et les contraintes que cela implique. On a commencé par construire un socle commun de valeurs et de références qui représentait le fondement de notre démarche stratégique. On a traduit ces valeurs dans tous nos documents, dans les chartes, les livrets d’accueil des salariés en parcours. Les deux tiers de l’équipe se sont spontanément inscrits pour piloter un axe de travail selon les sujets qui leur tenaient à cœur comme la lutte contre les discriminations, l’égalité homme/femme ou encore la biodiversité. On fait évoluer les choses sur le court, moyen et long termes en prenant en compte nos moyens économiques. Par exemple, on a pu mettre en place un espace convivial à l’extérieur avec du mobilier recyclé et dans 5 ans, on sait qu’on fera d’autres choix sur le remplacement du matériel. La RSE nous permet vraiment d’être moteur vis-à-vis des parties-prenantes comme les fournisseurs à qui on demande de faire des efforts pour réduire les emballages ou les salariés en parcours d’insertion qui sont ainsi naturellement sensibilisés à certains aspects du développement durable. L’intégration de la RSE dans le référentiel AFAQ EI/ETTI est cohérente car c’est très transversal et je pense que cela permettra une mise en place plus rapide et confortable. »
Céline Courtois, responsable d’activité a pu témoigner de son retour d’expérience concernant INEO, une ETTI, certifiée depuis 3 ans.
« La réussite de notre démarche qualité a beaucoup tenu au soutien de la direction et à l’implication de l’équipe dans la mise en œuvre. J’ai la chance d’avoir une équipe très dynamique qui s’est activement mobilisée. Nous avons commencé par l’écriture du projet social qui a été un exercice très fédérateur. Nous avons été accompagnés par Géraldine Aymonier et son regard extérieur sur notre fonctionnement s’est révélé très bénéfique. On s’est rendu compte qu’on était déjà dans un processus d’amélioration continue des pratiques alors que c’est justement ce qu’on redoutait le plus dans le référentiel : il ne s’agissait pas de voir ce qu’on pouvait faire de mieux mais surtout d’analyser nos pratiques, de vérifier qu’elles répondaient aux exigences du référentiel pour ensuite résoudre d’éventuels écarts. La majorité des critères du référentiel était déjà mis en place et il restait surtout à formaliser par écrit. Le référentiel n’oblige pas à rédiger toutes les procédures, cela reste un choix de l’entreprise. Pour nous, la méthode a consisté à se dire « si demain, on accueillait un nouveau collaborateur, de quelles informations et de quelles procédures aurait-il besoin ? » Nous avons rédigé les modes opératoires qui nous semblaient importants pour qu’on ait tous les mêmes pratiques sur la gestion du parcours de nos salariés intérimaires. En questionnant les différentes étapes du parcours d’insertion, on s’est rendu compte que l’accompagnement devait être complété notamment pour les salariés qui connaissaient de grandes difficultés. Nous avons donc recruté un accompagnateur socio-professionnel chargé du suivi individuel des salariés pour préparer la sortie vers l’emploi. Depuis, nous avons de meilleurs résultats sur les sorties vers l’emploi, moins d’absentéisme ou de rupture de contrat. En interne, le fonctionnement est devenu plus fluide, les objectifs travaillés dans le projet social sont revus chaque année et discutés en équipe. Par rapport à nos clients, la certification a surtout eu un impact sur les grandes entreprises avec lesquelles nous travaillons : la certification de nos pratiques sociales est un réel élément de différenciation par rapport à l’intérim classique.»